Contrôler l’inflammation : pourquoi faire compliqué quand on peut (d’abord) faire simple ?
Il est bien connu et reconnu aujourd’hui que l’inflammation est à l’origine (ou tout au moins fortement impliquée) dans le développement des nombreuses pathologies chroniques qui sévissent dans notre société: maladies cardiovasculaires, syndrome métabolique, surpoids, maladies dysimmunitaires, cancers, maladies neurodégénératives (Alzheimer…), dépression… La liste semble sans fin …
Le monde extraordinaire de l’inflammation
De fait, l’inflammation a mauvaise presse. Mais il faut bien retenir que l’inflammation est avant tout un mécanisme physiologique chargé de défendre l’intégrité de notre territoire. De manière extrêmement simplifiée, on peut dire que l’inflammation c’est la guerre que nous menons lorsqu’il y a nécessité de se défendre contre un envahisseur. Cependant derrière ce simple mot se cache une complexité biochimique inimaginable. En essayant de décrypter cette complexité pour élaborer de nouveaux médicaments l’industrie pharmaceutique nous a fait découvrir le monde extraordinaire de l’inflammation. Une remarquable conférence du Professeur Alain Fischer (lequel malheureusement a dévissé complètement lors de la crise du Covid en se mettant au service d’une politique vaccinale totalement mensongère) au Collège de France vous donnera un aperçu (déjà fort ardu) de l’état de la recherche sur la physiologie de l’inflammation (cliquer sur la vidéo)

Depuis ces 20 dernières années, fort de la mise en lumière de tous ces mécanismes de l’inflammation, de nombreux médicaments appelés « Biothérapies » (pour en savoir plus sur ces molécules qui n’ont rien de « bio ») ont été créés pour viser les cibles moléculaires de ces processus inflammatoires. Des centaines de « thérapies ciblées » (c’est ainsi qu’on les appelle également) sont à l’étude à travers des essais cliniques dans le monde entier. Les biothérapies ont amené dans certaines maladies inflammatoires des révolutions thérapeutiques: polyarthrite rhumatoïde, psoriasis … À mon sens certaines situations cliniques extrêmes justifient leurs usages. Mais si vous vous êtes donné la peine de regarder la vidéo ci-dessus, vous vous serez peut-être demandé comment on peut agir sur cette complexité avec des médicaments sans déréguler l’ensemble ? Et donc créer d’inévitables dommages collatéraux ! La science nous montre qu’il est possible de comprendre la complexité. Agir au cœur de cette complexité, « sainement », sans tout dérégler est une autre affaire! Je cite en substance un professeur de médecine fonctionnelle Vincent Castronovo, qui revient souvent sur ce sujet dans son enseignement: « Face à la complexité des systèmes biologiques (et l’immunité et l’inflammation font sans doute partie des systèmes les plus complexes du corps humain), le thérapeute doit faire preuve d’humilité et revenir aux bases, aux fondamentaux ». À l’ordre du jour la simplicité ! De quoi s’agit-il quand on parle d’inflammation ? Considérons qu’avant de sortir l’artillerie lourde (les biothérapies) et déclarer une guerre ouverte, dangereuse, contre l’inflammation, il semble propice d’essayer de faire la paix, et de voir si les bases biologiques inflammatoires de notre corps sont saines.
Le terrain d’inflammation de bas grade Déjà il faut savoir que beaucoup de nos contemporains (et notamment les personnes touchées par des maladies chroniques) vivent avec un terrain inflammatoire chronique appelé « inflammation de bas grade » (dites aussi inflammation à « bas bruit »). De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un niveau d’inflammation très faible dans notre corps qui n’est pas aussi élevé que celui qui peut se manifester dans le cas d’infection ou d’inflammation aiguë. On mesure cette « petite inflammation » grâce à un dosage que l’on appelle la CRP ultra sensible qui peut révéler de faibles seuils d’inflammation (non détectables avec le dosage de la CRP standard). Pourquoi est-ce problématique d’avoir cette inflammation permanente de bas grade? Car c’est ce climat inflammatoire permanent qui favorise le développement des pathologies chroniques.

Plusieurs causes peuvent être à l’origine de cette inflammation chronique de bas grade. Ces causes sont:
- Un leaky gut et/ou une dysbiose intestinale
- Un hyperinsulinisme et/ou un prédiabète.
- Un surpoids.
- Une charge toxique trop élevée.
- Un stress oxydant.
En micronutrition on s’efforcera de régler ces dysfonctions et de corriger ainsi le terrain inflammatoire.
Surréactivité inflammatoire
Sur ce terrain d’inflammation chronique, viennent en plus parfois se greffer des conditions propices à un excès de réactions inflammatoires. Ainsi, dans une situation de stimulation des défenses inflammatoires, certains organismes au lieu de combattre à l’arme à poids, sortent le bazooka !! Avec en conséquence des poussées inflammatoires disproportionnées, dangereuses, destructrices …
Notre mode de vie et notamment notre alimentation a créé dans nos organismes un climat inflammatoire hyper réactif (nous avons créé des « hyperactifs inflammatoires »!) . Pour éviter ce phénomène, il existe plusieurs éléments simples à corriger en micronutrition et naturopathie.
Voici les démarches de base du micronutrionniste pour contrôler l’inflammation:
- Rééquilibrer les apports des acides gras Oméga 6/Oméga3. En effet, ces molécules sont des clefs pour le déclenchement de la réponse inflammatoire. Or, depuis les années 60 et le développement des industries agroalimentaires, ces apports sont totalement déséquilibrés. Trop d’Oméga 6, pas assez d’Oméga 3 dans notre alimentation. Les Omégas 6 favorisent l’inflammation (on dit qu’ils sont pros inflammatoires), les Omégas 3 sont plutôt à tendance « anti inflammatoires ». Face à une pathologie inflammatoire, le bilan des acides gras dans notre corps sera donc essentiel, car il nous orientera sur la correction d’un éventuel déséquilibre. C’est un des bilans les plus importants en micronutrition. Les apports nutritionnels ou micronutritionnels corrigeront cet état.

- La vitamine D. Vitamine régulatrice de l’inflammation. Par son action sur des globules blancs spécifiques régulateurs/modulateurs de la réponse inflammatoire (lymphocytes T-reg), la vitamine D apparaît comme un acteur clef du contrôle de l’inflammation. En micronutrition on fera son dosage et on apportera une supplémentation en visant le taux de 60 ng/ml.
- La vitamine A: cofacteur indispensable de la vitamine D. Sans elle, la vitamine D ne fonctionne pas (à quoi bon supplémenter alors !!). En micronutrition on fera son dosage et on donnera une supplémentation si nécessaire (alimentation ou compléments alimentaires).
- On apportera des régulateurs de l’activité des kinases (protéines qui interviennent dans le déclenchement du processus inflammatoire). Le régulateur le plus connu étant le curcuma. On le proposera sous forme de compléments alimentaires avec une bonne biodisponibilité.
- On envisagera des apports en antioxydants via l’alimentation qui vont compenser le stress oxydant qui se produit inévitablement dans un processus inflammatoire. On cassera ainsi un cercle vicieux, car le stress oxydant amplifie l’inflammation.
Vous aurez compris le message du jour est plein de bon sens :
Pour traiter l’inflammation : avant la complexité, optons pour la simplicité de la démarche de santé fonctionnelle !
Bruno Mairet, Ingénieur en Biochimie, consultant et formateur en Santé Fonctionnelle
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