Le régime néo paléo !
Retrouver la biologie des origines et non l’assiette des origines !
Homo Paléo
Toutes les démarches de nutrition, de naturopathie, sont hantées par la question suivante: quelle est l’alimentation la plus adaptée à l’être humain ? Une réponse à priori pleine de bon sens est apportée par le régime paléo très à la mode ces dernières années. Que nous propose-t-il ? La réflexion conceptuelle et scientifique de ce régime est la suivante. Elle nous explique que l’évolution a mis des millions d’années à forger une physiologie humaine adaptée à son environnement nutritionnel. Des millions de générations ont été nécessaires pour créer l’adéquation parfaite entre le métabolisme de l’homme et son environnement. Or, en quelque 12.000 ans, la nutrition humaine a subi une révolution gigantesque (agriculture, élevage, industrialisation, concentration et intensification agricole, etc.)… alors que l’homme « biologique » lui n’a pas changé !! Ainsi, nous dit la « philosophie paléo », « l’homme biologique » n’a pas eu le temps de s’adapter à la marche en avant de ‘homme culturel »… Ce décalage serait cause des nombreuses pathologies de notre époque. La clef pour une nutrition optimale serait donc de retrouver une assiette paléo (sous-entendu paléolithique, période de la préhistoire qui commence il y a 3 millions d’années) c’est-à-dire sans aucun aliment issu des révolutions agricoles et d’élevages commencés il y 12000 ans. L’assiette paléo exclue donc céréales, laitages, légumineuses, pommes de terre, huiles végétales, et bien entendu les aliments industriels. La carte du régime paléo est donc la suivante : viandes, poissons, œufs, végétaux, oléagineux… Je schématise bien évidemment et pour en savoir plus je vous conseille la lecture du livre Paléo Nutrition (1).
Les arguments « massues » (!) contre le régime paléo
Les critiques du régime paléo sont nombreuses. On évoque par exemple l’absence de preuve d’efficacité sur la santé de ce mode d’alimentation. Ceci n’est pas tout à fait vrai puisqu’il existe quelques études sur le sujet montrant un bénéfice notamment sur le diabète et les paramètres lipidiques (2). D’autre part, cette diète paléo étant relativement proche de la diète du Dr Seignalet qui a démontré d’incroyables bénéfices sur les maladies chroniques (3) j’ai fortement tendance à penser que ses bénéfices santé doivent être importants (4). D’autres critiques plus importantes encore mettent en avant le problème suivant. Manger paléo aujourd’hui serait juste impossible, car tous les aliments que l’on consomme aujourd’hui sont issus de l’élevage ou de l’agriculture. Il n’y a plus d’aliments originels! Par exemple dans la famille des crucifères (aliment santé-détox par excellence), brocoli, chou de Bruxelles, chou-rave, chou-fleur, chou frisé, sont des créations de l’homme moderne issues de l’espèce de plante (Brassica). Ainsi, il n’y a plus de nourriture des origines. C’est un argument massue difficile à contredire. Il semble en effet bien impossible aujourd’hui de mettre dans notre assiette ce que mangeait notre ancêtre du paléolithique. Et est-ce vraiment un problème ?
Manger néo paléo !
À mon avis, le problème de la « proposition paléo » est qu’elle propose de se concentrer sur le contenu notre assiette et non sur le contenu de nos cellules ! Je m’explique. Les conseils nutritionnels font souvent cette erreur de croire que le contenu de l’assiette est ce qui est essentiel. Pour le biochimiste que je suis, c’est une grave erreur. Ce qui est important c’est ce qui arrive au niveau de nos cellules ! J’ai montré dans l’article Compléments alimentaires et biologies nutritionnelles qu’il est courant qu’une l’assiette soit parfaite (une personne peut manger idéalement) mais que le bilan biologique nutritionnel soit très mauvais. Ainsi, une personne informée peut faire l’effort de manger régulièrement des poissons gras (car elle sait que c’est bon pour la santé), mais ces cellules peuvent néanmoins révéler des déficits en Oméga 3 ! Ce n’est pas un concept théorique: des analyses nutritionnelles très simples permettent de doser les Omégas 3 dans les membranes de vos globules rouges (on parle en langage biochimique de bilan des acides gras érythrocytaires). Ainsi, ce qui est important ce n’est pas la nourriture des origines, mais la biologie des origines. Il existe des fondamentaux de base dans la biologie et biochimie humaine. C’est cette biologie des origines qui permet un fonctionnement optimum de notre métabolisme. Et les révolutions agricoles et industrielles ont grandement perturbé et modifié cette biologie/biochimie des origines. On pourrait presque parler de dégénérescente biologique (dégénérer = qui perd ses qualités naturelles) qui est à l’origine de l’inflation des pathologies chroniques. Une alimentation « néo paléo » doit donc s’attacher à rétablir une biologie des origines !
En quête d’une biologie originelle
Bilan de biologie des origines: Les acides gras polyinsaturés

Nous évoquerons surtout 3 points clefs. Les acides gras dits polyinsaturés sont des constituants clefs de nos membranes cellulaires. Ils leur assurent mouvement et fluidité, caractéristique fondamentale (au sens propre = fondement) à toute physiologie cellulaire. Par exemple, la complexité du fonctionnement de nos neurones a besoin de cette fluidité membranaire. C’est pour cette raison que les lipides du cerveau (50% de lipide) contiennent 8 % de DHA, un acide gras polyinsaturé, essentiel à cette fonction fluidique. Autre fonction clef: la barrière intestinale qui assure un grand rôle dans le maintien de notre intégrité immunitaire. Elle fait partie de la biologie de base de tout organisme vivant. Or, notre alimentation moderne a déréglé la fine biologie de notre barrière et celle-ci est devenue défectueuse, poreuse, laissant passer molécules et autres bactéries indésirables. Enfin, troisième exemple. Notre biologie des origines avait prévu des « systèmes anti rouilles » très performants avec de nombreuses fonctions: rôle dans les dégâts collatéraux engendrés par notre production d’énergie (activité mitochondriale) ou par l’inflammation, rôle dans la protection contre les UV, rôle dans la protection de nos membranes et de notre ADN… Ses systèmes antirouille sont sous-optimaux aujourd’hui, à cause de notre alimentation. Optimisation de la fluidité membranaire, des systèmes antirouille, de l’étanchéité des barrières tout cela peut faire l’objet d’un « régime néo paléo » avec l’objectif de rétablir une biologie originelle !!
Bruno Mairet, Ingénieur en Biochimie, consultant et formateur en Santé Fonctionnelle
(1) – Paléo Nutrition- Julien Venesson- Thierry Souccar Editions
(2) https://www.healthline.com/nutrition/5-studies-on-the-paleo-diet
(3)- Pour s’en convaincre il faut lire le livre extraordinaire de Jacqueline Lagacé « Une alimentation ciblée pour préserver ou retrouver la santé de l’intestin » – Edition Fides
(4) J’ai expliqué en détail dans une vidéo naturopathie et micronutrition: quelles preuves scientifiques ? pourquoi les preuves d’efficacité de ce type de diète ne sont pas faciles à démontrer
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