Faire face au « stress toxique » : point de vue de la santé fonctionnelle

Faire face au « stress toxique » : point de vue de la santé fonctionnelle

La détox une nécessité vitale

Impossible d’échapper à la « détox attitude » qui envahit journaux, émissions TV, sites internet, et les rayons des magasins. Certains y voient un phénomène de mode et ils n’ont pas totalement tort. Mais attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! Car en effet, si la « green mode  » existe bel et bien, le principe d’une détoxification est cependant, de nos jours, indispensable, voire vital !  Ceux qui doute encore de ce constat tireront probablement grands bénéfices de la lecture du livre d’investigation d’un journaliste du monde: « Lobbytomie ». On y découvre entre autres les très raffinées (!!)  techniques des pollueurs en tout genre (pesticides, métaux lourds, engrais, amiante, tabac…)  pour nous faire croire in fine que la nocivité de leurs polluants pour la santé humaine n’est toujours pas prouvée… Ils fabriquent le doute tant et si bien qu’ils sont capables de nous faire douter de l’évidence ! Ainsi, pendant des dizaines d’années le lobby du tabac a entretenu l’incertitude sur le lien -à l’évidence si criant- entre cancer du poumon et tabac. Les stratégies des divers lobbies (sucre, soda, junk food, pesticide, pour n’évoquer que ce qui touche à l’alimentation) sont multiples, mais la finalité reste la même: continuer de vendre leurs produits « toxiques »… Aucune théorie du complot ici, des faits, des dossiers, des preuves, des procès… En conséquence, notre monde est surpollué et notre corps saturé de toxique.

Tous en « stress toxique »

Citons une étude bien connue réalisée en 2004 par le WWF visant à montrer la charge toxique de l’humain moderne. Ont été pris pour « cobayes » certains de nos eurodéputés de l’époque. L’étude a révélé 76 substances chimiques toxiques dans leur sang sur 101 recherchées ! Nous possédons certes de très efficaces systèmes de détox, notamment hépatiques. Mais leurs capacités sont à l’évidence largement dépassées, conduisant notre corps à un « stress toxique ». L’expression est nouvelle et fait écho au concept bien connu de « stress oxydant ». Il faut parler de stress lorsqu’il y a inadéquation entre la demande faite à un système et sa capacité à y répondre. Le stress toxique est donc l’incapacité du corps à détoxifier la charge de polluant que le monde moderne lui apporte. Et les toxiques s’accumulent alors dans les tissus et notamment dans les tissus riches en graisse comme le cerveau (les lipides représentent plus de 50% du poids sec du cerveau). Ceci explique que de nombreux symptômes de l’intoxication chronique aux polluants environnementaux sont neurologiques : maux de tête, fatigue, dépression, trouble de mémoire, de l’attention, du sommeil, anxiété, etc … Mais l’impact sur la santé est bien évidemment souvent beaucoup plus grave. Ainsi pour l’année 2011, on estime a 207000 nouveaux cas de cancer  attribués aux toxiques… Ce stress toxique est donc un problème majeur de santé publique. Et au niveau individuel, que peut-on faire pour réduire l’impact de cette intoxication chronique ?

Stratégies pour limiter le stress toxique

En première intention, le bon sens recommande à l’évidence de limiter l’exposition aux polluants. En ce qui concerne l’alimentation, les preuves de l’intérêt des aliments bio ne sont plus à apporter (façons de parler bien sûr, car il essentiel de continuer à documenter le dossier). Ainsi on trouve sur le site de l’Institut National du Cancer (INCA) un article, paru en novembre 2018, reportant les résultats d’une étude publiée dans le JAMA (une des plus prestigieuses revues médicales) faisant part d’une réduction de 25% de cancer chez les consommateurs de produits bio.

En micronutrition, le foie est une cible capitale dans la stratégie de lutte contre le stress toxique. Cet organe est une merveille d’ingénierie biochimique de la nature (et je sais de quoi je parle étant moi-même ingénieur en biochimie !). Un de ses nombreux rôles est la gestion des déchets, la détoxification. Il possède des systèmes enzymatiques de détoxification d’une extrême complexité.  Mais notre biologie n’est pas adaptée à la gestion d’une si massive charge toxique. « La nature » n’avait pas prévu la société industrielle, l’agriculture intensive, le lobbying agroalimentaire !!  Les capacités fonctionnelles de détoxification de notre foie sont donc dépassées. En santé fonctionnelle il existe de nombreuses manières d’aider cet organe dans ce travail vital de détoxification. On peut d’ailleurs au préalable réaliser certaines analyses qui vont nous permettre d’évaluer en partie notre potentiel de détox hépatique (sélénium, ferritine, stress oxydant, homocystéine, glutathion total … mais aussi recherche de polymorphismes génétiques).

Mais la première préoccupation pour un praticien en santé fonctionnelle dans un « manuel de survie dans le monde toxique » devrait être, sans conteste, l’intestin. Et ceci pour plusieurs raisons. C’est l’intestin et ses 1000 m2 d’épithélium (cellules qui tapissent le tube digestif)  qui est le premier en contact avec les polluants environnementaux de notre nourriture (mais aussi avec les médicaments souvent agressifs). Les cellules de cette muqueuse intestinale sont donc déjà au premier rang des « charges toxiques ». Mais l’intestin devient surtout un véritable talon d’Achille dans la lutte de notre corps contre les toxines lorsque notre microbiote est en dysbiose. La dysbiose est un état de dérèglement quantitatif ou qualitatif de notre microbiote intestinal (responsable en premier lieu de nombreux symptômes digestifs : douleurs, diarrhées, inconforts, ballonnements, constipation …) et extradigestifs. Or, cet état de dysbiose s’accompagne d’une modification structurelle au niveau de la barrière intestinale : celle-ci devient poreuse !

Le leaky gut : un état de vulnérabilité aux toxines

On parle alors de leaky gut (« intestin qui fuit »). Un tube digestif sain est normalement « étanche », avec une perméabilité sélective, notamment pour les nutriments. Avec un intestin poreux, conséquence d’une dysbiose, la perméabilité n’est plus sélective et il passe dans l’organisme beaucoup de choses qui devraient rester dans l’intestin …et terminer dans la cuvette des WC. Et notamment les toxines. Une dysbiose avec un leaky gut amène une très importante charge toxique dans le corps. Et c’est le foie qui va recevoir et devoir traiter ce surplus. C’est pour cette raison qu’aider (ou soutenir selon le terme consacré) le foie, sans « guérir » dans un premier temps l’intestin, c’est comme vider un bateau qui prend l’eau sans boucher les trous dans la coque.

Le leaky gut a d’autres conséquences dans l’intoxication chronique. Les cellules d’une muqueuse intestinale poreuse perdent en partie l’efficacité d’une fonction de détox importante qu’elles possèdent. Elles sont normalement équipées d’une fonction que l’on appelle « anti porter » qui est un système cellulaire qui « recrache » les toxines dans le tube digestif au fur et à mesure qu’elles pénètrent dans la cellule- une sorte de pompe (cette fonction de pompe est d’ailleurs réactivée par les cellules cancéreuses pour « recracher la chimiothérapie » afin de se protéger de son effet toxique !! Ce n’est pas pour rien qu’on les appelle des cellules malignes !!). En résumé, un intestin poreux ce sont des toxines qui passent directement dans notre corps et c’est une capacité de détoxification en moins. Double peine !

En santé fonctionnelle, on a la capacité d’évaluer l’état du microbiote (avez-vous une dysbiose ?) par un test que l’on appelle le DMI ou MOU ou avec le dosage des acides gras à courtes chaines.  On peut aussi apprécier, grâce à plusieurs marqueurs biologiques, l’état de la  muqueuse intestinale: présentez-vous un intestin poreux, un leaky gut ! S’il y a dysbiose et/ou leaky gut c’est une vulnérabilité supplémentaire aux toxiques et la première étape d’une détox consistera à traiter la dysbiose et/ou réparer la muqueuse intestinale grâce à des corrections alimentaires, et des micronutriments spécifiques…

On l’a compris, une détox fait donc appelle à une prise en charge globale et ne peut être réduite à quelques plantes, tisanes, jus verts… comme on essaie souvent de nous le faire avaler!! Cela s’appelle une croyance toxique !! Et malheureusement cela décrédibilise la vraie détox dans l’esprit du public.

Bruno Mairet, Ingénieur en Biochimie, consultant et formateur en Santé Fonctionnelle

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